Dans cet article sur la fiscalité, nous nous
sommes intéressés à la définition de la notion d’impôt, ses caractères, sa
contrepartie et sa différence avec les autres taxes parafiscales.
Mot clés : impôt, prélèvement
obligatoire, contrepartie, taxes parafiscales.
Définition et caractères de l’impôt :
Dans un sens large, l’impôt peut certainement
se définir comme une forme spécifique de prélèvement obligatoire auquel sont
soumis les contribuables.
Pour certains auteurs, l'impôt peut être défini comme « un
prélèvement opéré par voie de contrainte par la puissance publique, et ayant
pour objectif essentiel de couvrir les charges publiques et de les répartir en
fonction des facultés contributives des citoyens ».
L’impôt : un prélèvement obligatoire effectué par voie
d’autorité :
L’impôt est une manifestation de la souveraineté de l'Etat. Il s'oppose
aux revenus du domaine et à l'emprunt qui sont des ressources que l'Etat se
procure en se comportant comme un simple particulier. Le caractère obligatoire
est inhérent à la notion même d'impôt, mode original de répartition des charges
publiques et lié à l'égalité devant l'impôt.
L'impôt est la plus ancienne des prérogatives régaliennes ; la
transformation de son rôle a toujours été liée à la conception voulue ou
ressentie du rôle de l'Etat.
De façon synthétique, l’impôt est une
prestation pécuniaire requise des citoyens par voie d’autorité, à titre
définitif et sans contrepartie, au profit des administrations publiques. Son
paiement est obligatoire. Il est définitif, à la différence de l’emprunt qui
fait l’objet d’un remboursement. Il est sans contrepartie directe,
contrairement aux redevances et taxes parafiscales qui rémunèrent un service
rendu, contrairement aussi aux cotisations sociales qui ouvrent droit à des
prestations.
L’impôt est perçu sans contrepartie :
Le versement de l’impôt ne comporte aucune
contrepartie directe : il n’y a aucune corrélation directe entre les sommes
versées par le contribuable et la quantité ou la nature des services consommés
par lui. En ce sens, l’impôt ne constitue
pas le prix d’un service rendu.
Aussi le contribuable ne peut-il pour contester sa dette arguer de la mauvaise
utilisation des deniers publics. De même, il ne peut refuser de payer l’impôt
au motif que celui-ci financerait des dépenses contraires à ses principes.
La notion de contrepartie ne peut servir de fondement à
l’impôt :
L’idée que le
prélèvement fiscal est la contrepartie d’avantages procurés par l’Etat
aux particuliers a été développée sous
diverses formes :
·
L’impôt
: prime d’assurance : pour certains auteurs, l’impôt apparait comme une prime
d’assurances. C’est la rémunération de la sécurité procurée par l’Etat.
Cette doctrine qui s’apparente à la doctrine
de l’Etat gendarme, où l’Etat est considéré uniquement comme un « producteur de
la sécurité », est manifestement dépassée aujourd’hui alors que l’Etat a bien
d’autres fonctions que de procurer la sécurité.
·
Impôt
: prix des services rendus : certains auteurs lui ont donné une forme voisine
en voyant dans l’impôt le prix des services rendus par l’Etat.
Il difficile d’établir une correspondance entre les impôts payés par
chaque contribuable et les services que l’Etat rend à chacun d’eux : ainsi la
doctrine de
L’impôt prix n’est pas utilisable dans la
théorie de l’impôt, parce que :
- Elle ne permet de mesurer l’impôt de chaque
contribuable, car il est impossible de mesurer la valeur des services rendus
par l’Etat à chaque citoyen ;
- De nombreux services n’ont pas de valeur
estimable en argent (justice, défense nationale…).
Que paie le contribuable ? Des impôts certes,
mais aussi des taxes, des cotisations, des contributions, des redevances ….La
variété des prélèvements ne facilite pas la compréhension du système fiscal.
Qu’est-ce qui distingue ces différentes
catégories de prélèvements ?
Impôt et autres prélèvements forcés :
L’élément de contrainte est si important qu’il conduit à rapprocher
de la fiscalité des prélèvements forcés autres que les impôts.
Les taxes parafiscales diffèrent de l’impôt
pour trois raisons :
Elles ont une finalité particulière et ont
donc une contrepartie directe, sous forme d’un service rendu au contribuable.
Elles sont prélevées par d’autres personnes
morales que l’Etat ou les collectivités territoriales.
Elles relèvent
du pouvoir réglementaire et non législatif.
Les cotisations sociales constituent la source
essentielle de financement de la protection sociale. Elles sont prélevées au
profit d’une administration publique qui est la Sécurité sociale.
En d’autres termes, les taxes parafiscales
sont définies comme des taxes perçues dans un intérêt économique ou social au
profit d’une personne morale de droit public ou privé autres que l’Etat , les
collectivités territoriales et leurs établissements publics administratifs.
Ainsi, une triple différence sépare les taxes parafiscales des impôts :
- Elles sont perçues dans un intérêt
économique ou social, alors que l’impôt peut financer n’importe quelle dépense
d’intérêt général puisqu’il n’est pas affecté.
- Elles sont affectées à une personne morale
de droit public ou privé autres que l’Etat , les collectivités territoriales et
leurs établissements publics administratifs .C’est à dire qu’elles sont
affectées à des établissements publics industriels et commerciaux, à des
associations, à des organismes sociaux ,tandis que les impôts sont perçues au
profit de l’Etat , des collectivités territoriales et leurs établissements
publics administratifs.
- une
loi n’est pas nécessaire pour les créer.
En outre, le prélèvement fiscal est un
prélèvement obligatoire, contraignant, effectué par voie d'autorité par
l'administration sur le fondement des prérogatives de puissance publique qui
sont les siennes. Il est ressenti avant tout comme une contrainte. En
conséquence, le contribuable n'a ni le droit de prétendre se soustraire à sa
dette d'impôt, ni celui de vouloir fixer librement ou négocier le montant de sa
contribution.
S'interroger sur l'impôt, c'est également
s'interroger sur les conditions de sa légitimité. En ce sens, on dit parfois
que l'impôt est consenti et le principe du consentement de l'impôt par la
Nation et ses représentants est un des principes fondamentaux de droit public.
Dès lors une question se pose : n'y a-t-il pas une contradiction entre le
principe du consentement et le caractère forcé de son prélèvement ?
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